Interview exclusive : Comment Géomancis Média encourage les étudiants en échec à travers la vulgarisation du droit sur les réseaux sociaux.

6 minutes

“Le droit transmis conserve sa Nature” Jean-Michel Yvelin, professeur d’Université à la faculté de Nantes. 

Les atouts de la vulgarisation 

Géomancis Média ; « la chaîne qui s’intéresse à vos droits » existe depuis le 20 septembre 2018.  C’est une chaîne YouTube créée dans le but d’informer. 

Je suis une info-preneuse et mon but est d’adapter des connaissances techniques pour les rendre accessible à un auditeur non-spécialiste. 

« Le fait de diffuser à un grand public des connaissances des idées, des produits de manière pédagogique; des connaissances, pour apporter un savoir à public non expert » : c’est la vulgarisation. 

Mais au-delà même de celle-ci, c’est la compréhension, la conceptualisation, la volonté d’essentialiser les connaissances et de réduire la transmission aux informations uniquement nécessaires, le plus simplement possible.

Bref, Géomancis Média part du postulat que le droit n’est pas toujours à la portée de tous ; alors qu’il doit être connu par tous car il est pour tous.

Passer de bonne à mauvaise élève 

À la suite de l’obtention de mon baccalauréat en 2017 je rentre à la fac de droit. 

Élève travailleuse qui sait s’investir dans les projets, je n’ai jamais été excellente mais toujours une bonne élève. 

Dès la première entrée à la fac, je me décide de me passionner au droit. Je travaille tous les soirs avec une amie à moi, dans cette fac un peu loin de chez moi, jusqu’à la fermeture de la bibliothèque universitaire. 

Pourtant, alors que j’ai toutes les conditions nécessaires pour réussir, j’échoue à ma première année. 

Le redoublement en faculté de droit n’est pas un sujet tabou et est plutôt récurrent, mais c’est la première fois de ma vie. Lorsque j’entreprends ma deuxième première année, je travaille plus de 70 heures à côté de mes études, je fais des stages dans deux endroits différents, je travaille en CDI et je déménage seule. Deuxième douche froide, je ne passe pas mon année. 

Je perds ma bourse et pourtant, j’adore le sujet. 

J’adore étudier mais « est-ce que cela vaut-il le coup de sacrifier à nouveau une année » mon projet c’est de réussir.  

Puis une fois que j’ai la méthodologie, tout roule, je valide ma licence avec mention.

Pourtant c’est dans le contexte de mon redoublement que j’ai lancé ma chaîne Géomancis Média. Pour quelle raison ?

Je refuse de ne pas avoir de passion, elle m’ouvrira des portes. 

Issue d’une filière littéraire j’ai fait l’option cinéma et audiovisuel au lycée. J’adore passer devant la caméra et mes premières années de droit je vise un Master en droit du cinéma et de l’audiovisuel. 

Seulement voilà, je n’ai pas eu de très bons résultats et peu de facs proposent ce Master sélectif. Il me faut de surcroît  « justifier d’un intérêt particulier pour le cinéma et l’audiovisuel ». 

Je ne suis pas une cinéphile, ma meilleure manière de prouver au directeur de Master que je suis intéressée par le droit et par le cinéma : c’est que je parle de droit en faisant du cinéma. 

J’ouvre donc ma chaîne YouTube, où je parle de concepts clés en mettant de côté la méthodologie.

Beaucoup d’organisation, un peu de solitude mais surtout pleins de projets et rencontres

Je me lance d’abord sur YouTube : avec cet objectif fixe de  transmettre.

Parler de sujets d’actualité, parler de mes études, de mes échecs, parler des professionnels de droit, de mes stages et de mes envies. Parler de droit, parler de moi, parler de tout ça. 

Géomancis Média m’ouvrira beaucoup de portes, des rencontres avec des professionnels passionnants, avec des étudiants de droit avec des visions différentes que les miennes…Mais aussi des projets avec institutions comme l’ENM ou des entreprises comme Publicis Media ou Dalloz, lors de partenariats, collaboration, événements. 

A côté de tout ça, je suis surtout et avant tout étudiante avec un CDI à tenir, une chaîne à gérer.

Lors du confinement alors que tout le monde se retrouve isolé, j’agrandie mes portes vers des nouveaux réseaux sociaux ; notamment TikTok.

Pourquoi commencer maintenant ?

Mon but est de me positionner dans un secteur niche, de continuer mes contenus de vulgarisation avec moins de travail et plus de disponibilité. 

À l’époque, en 2019, TikTok ne propose que des contenus limités à 30 secondes. 

Ce qui me demande un travail de synthétisasion et de précision dans la transmission. 

Je suis favorisée comme beaucoup d’autres acteurs sur ces réseaux social par l’algorithme, surtout car je suis la seule à faire du droit ; puis je touche une communauté plus grande. Aujourd’hui, environ 400 000 personnes me suivent sur mes différents réseaux sociaux. 

Je deviens peu à peu un support médiatique pour les internautes. Petit à petit j’arrive à toucher davantage de gens qui ne sont pas intéressés par le droit en le rendant ludique et pédagogue. 

Le confinement est en réalité une opportunité pour se connecter avec les gens, ils sont beaucoup plus actifs sur les réseaux sociaux et le contenu régulier fidélise.

Je ne serai jamais experte.

Puisque je suis étudiante et que le droit est un sujet d’expertise, avec beaucoup de spécialistes et peu de place à l’erreur ou au général, j’ai parfois questionné ma légitimité. 

Pourtant si nous attendons d’être expert pour parler d’un sujet, nous n’en parlons jamais. Sinon nous en parlons parfois d’une manière parfois tellement compliquée que l’on arrive pas à toucher la cible que l’on aimerait. 

Mon but n’était pas de m’adresser directement à des professionnels de droit, oui ; pourquoi pas à des étudiants droit mais surtout à des citoyens lambdas. Des gens que le droit touche sans qu’ils le savent ; qui en ont besoin dans leur quotidien, mais qui ne savent pas où commencer car ils ne le connaissent pas et surtout ne les intéressent pas. 

« Gérer des vidéos, personnaliser la chaîne, engager la communauté » : influencer dans le secteur niche qu’est le droit est un travail de tous les jours. 

Mais cela amène à repenser la méthode que l’on utilise pour transmettre : n’y a-t-il pas de manière plus simple et plus accessible pour tous pour « nul n’ignore la loi ».

Je veux représenter une nouvelle typologie de professionnels de droit.

Faire partie des legal designers, legal influenceurs. Qu’ils soient déjà des experts dans leur domaine ou matière ou non, qu’ils soient des spécialistes ou pas, mais qui arrivent à faciliter l’accès à des sujets particuliers et spécifiques. 

Ceux qui arrivent à parler de l’actualité ou de concepts clés en facilitant leur compréhension. 

Aujourd’hui, je suis en Master en droit du numérique. J’espère continuer à transmettre à tous les étudiants et professionnels de droit qui passeront par là. 

Pour l’instant je suis encore une élève, mais faites confiance à Ifa de Géomancis Média, ensemble, nous ouvrirons les portes du droit.

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